Le tourisme est très fortement implanté à Bali. Néanmoins, il reste encore des coins de l’île qui sont un peu à l’écart du tourisme.
Ces coins sont restés authentiques et on retrouve un vrai Bali traditionnel loin des dérives que l’on peut trouver dans le Bali touristique.
Avec ce billet, je vous emmène aujourd’hui à Kusamba, dans l’est de Bali, à la rencontre des paludiers. Depuis plusieurs générations, les paludiers de Kusamba récoltent le sel de mer.
Nous verrons que ces sauniers sont de moins en moins nombreux et de plus en plus âgés. Vers une tradition qui va disparaître à Bali?
Kusamba, un village de l’est de Bali
Kusamba est un petit village situé sur la côté est de Bali.
Situé sur la route entre Klungkung et Karangasem, l’énorme majorité des touristes passent dans ce village sans s’y arrêter, sans essayer de savoir si le village peut avoir un intérêt ou non.
Et bien oui, Kusamba est un coin de Bali signe d’intérêt. Et d’ailleurs bien plus intéressant que certains « must » de Bali que les touristes vont tous voir. Dommage car Kusamba est resté un village traditionnel de Bali avec une plage de sable noir riche en activités pour les locaux: pêche, transports mais aussi récolte du sel. Cette activité semble moins séduire les touristes que celle des plages du sud de Bali…
Crédits photo : colsteel (FlickR)
Les paludiers de Kusamba
L’un des intérêts de Kusamba se trouve sur la plage du village. Hélas, il n’occupe plus beaucoup de place. Les paludiers de Kusamba et plus globalement de Bali sont de moins en moins nombreux. Nous reviendrons sur ce dernier point dans le dernier paragraphe.
A Kusamba, les quelques familles qui récoltent le sel de mer le font avec la méthode traditionnelle.
L’eau de mer est récupérée et portée à dos d’homme. Plusieurs kilo d’eau récupérés dans une mer agitée, sous un soleil de plomb et avec une humidité lourde à supporter. Le cadre est posé, être paludier à Kusamba n’est clairement pas un métier facile, loin de là. Surtout que l’on remarque vite que les personnes qui y travaillent sont plutôt âgées.
Le processus de récolte du sel n’est en soit pas très compliqué mais très difficile, surtout avec les conditions climatiques. Le travail s’effectue au plein soleil et avec une température toujours proche de 30°!
L’eau est d’abord jetée sur du sable humide. Après séchage au soleil, le sable est récolté et filtré afin d’en récupérer une eau chargée en sel mais sans sable.
L’eau est ensuite placé sur des demis-troncs de cocotiers, toujours au soleil, afin que l’eau s’évapore et que le sel cristallise. Le sel est ensuite récupéré. Fin du processus de récolte du sel.
Les explications m’ont été donné par une femme âgée qui travaille à la récolte du sel avec son mari. Elle ne parle pas du tout anglais mais a pris le temps de m’expliquer avec des gestes l’ensemble du processus. Voilà le Bali authentique qu’il faudrait découvrir, bien loin des circuits touristiques remplis d’arnaques en tout genre. Et pourtant, ce site n’est qu’à 200 mètres d’une route empruntée par des dizaines de touristes chaque jour!
On y croise des gens ouverts, non intéressés et très accueillants. Et pourtant, que dire de leurs conditions de travail et de leur vie qui doit être très difficile.
Si vous partez à Bali et que vous avez l’excellente idée de vouloir aller voir les paludiers de Kusamba, voici quelques explications pour les trouver facilement.
Lorsque vous êtes sur la route Jalan Raya Kusamba de Klungkung vers Karangasem, tournez à droite à la seconde rue après Jalan Pasir Putin (la rue n’a visiblement pas de nom). Tout au bout se trouve la mer. Garez vous et finissez à pied, les paludiers se trouvent au bord de la plage, sur la gauche lorsque vous êtes face à la mer. Vous pouvez également prendre une autre rue mais il vous faudra alors faire une marche plus longue sur la plage, ce qui n’est pas du tout désagréable: lorsque j’y étais il y a avait pas mal de locaux qui chargeaient/déchargeaient des bateaux.
Coordonnées GPS:
Latitude: 8° 33′ 31.182″ S (-8.5586617)
Longitude: 115° 27. 29,79″ E (115.458275)
Vers la fin des paludiers à Bali?
Les paludiers de Kusamba sont de moins en moins nombreux. Il y en aussi à Amed, un peu plus au nord. Mais ce métier est en voie de disparition à Bali.
Etre paludier à Bali est un métier qui se transmet de génération en génération. Néanmoins, la nouvelle génération en souhaite plus travailler dans ces conditions pour un salaire faible.
De plus, le travail est dépendant de la météo. Lors de la saison des pluies, il peut être difficile de travailler car comme précisé ci-dessus, une grande partie de la récolte du sel nécessite le séchage au soleil.
Et puis, les jeunes sont forcément attirés par l’argent lié au tourisme. Vendeur de souvenir, guide ou encore chauffeur de voiture, des métiers plus attrayants, moins difficiles et plus rémunérateurs.
On peut aisément les comprendre même si c’est une tradition de Bali qui se perd. Un métier avec une histoire, une méthode de travail. Dommage. D’un autre côté, vu les conditions de travail, on peut se dire que, pour eux, ce n’est pas plus mal.
Il est juste dommage que les autorités ne tentent pas de préserver ce métier en montant par exemple une coopérative de vente de sel ou une autre activité permettant de préserver le patrimoine de Bali, d’attirer du tourisme culturel sur cet aspect du patrimoine et surtout d’améliorer les conditions de vie/travail de ces paludiers.
En attentant, les paludiers de Kusamba (et d’Amed) triment, travaillent de longues heures dans des conditions difficiles et pour gagner une misère. Leurs enfants n’ont qu’une envie: ne pas faire ce métier éreintant. Et pendant ce temps là, les touristes passent à 200 mètres, sans même découvrir ce Bali authentique. Dure réalité.
Crédits photo pour la photo de chargement du bateau: colsteel (FlickR) et pour la couverture :
Salut Aurélien,
Je me fais souvent la même réflexion que toi quand je suis dans une région assez touristique et que je visite un lieu justement peu touristique, pourquoi les touristes ne viennent-ils pas ici ? En mon for intérieur, je me dis qu’ils sont sans doute un peu bêtes pour le coup, mais au bout du compte, ça n’est peut-être pas plus mal non ? Tu imagines si la horde des touristes qui se rendent à Bali débarquait dans ce petit village. Ce que je dis revêt bien sûr un côté assez égoïste, mais bon …
La photo des hommes qui se dirigent vers le bateau en contre-jour est splendide je trouve :-)
Salut Laurent,
C’est sûr que l’absence de touristes a des avantages!
Clairement si une horde touristes débarquent dans des lieux comme ça, le lieu perd directement tout son intérêt, c’est clair.
Néanmoins, il devrait être possible de développer des micro-structures pour dynamiser ce type d’activités traditionnelles en attirant un flux limité de touristes.
Si c’était le cas, il n’y aurait pas non plus TOUS les touristes à Bali qui débarqueraient là bas.
A Bali ou ailleurs dans le monde, la majorité des touristes préfèrent bien souvent plage ou boutique ou autres conneries non?
Rhoooo …. des conneries … comment tu parles des autres touristes ;-)
Blague à part, tu as raison, il doit bien exister un entre-deux qui profite à tout le monde, aux locaux comme aux touristes un peu plus curieux.
Merci pour cette découverte, ça fait plaisir de voir qu’il reste de l’authenticité dans des endroits hyper touristiques. Quel métier ! La lecture de ton article permet de relativiser sur son métier en France ;)
C’est vraiment magnifique merci pour ces belles photos, j’aimerai pouvoir avoir la chance d’y aller un jour :)